dimanche 14 mai 2017

Je connais des bateaux

Je vous écris d’Espagne où je suis arrivé il y a quelques jours. Je retrouve ce port que j’adore et où j’essaie d’arriver tôt chaque matin avant le départ des bateaux. Je ne résiste pas à l’envie de vous partager une merveilleuse métaphore qui raconte les bateaux. Elle parle de la vie, de l’amour, de la mort. Elle parle de la liberté, de l’aventure, de la peur de l’aventure, de l’attachement, de la fidélité. J’ai trouvé ce texte parmi les papiers d’une jeune femme aujourd’hui décédée (ma belle-sœur Rosa), Tout ce que j’en sais, c’est qu’il  est dédié à  « Simone et Baudouin », il est signé « Hannick » et il date du 5 septembre 1987.

« Je connais des bateaux qui restent dans le port
De peur que le courant les entraînent trop forts
Je connais des bateaux qui rouillent dans le port
À ne jamais risquer une voile au dehors

Je connais des bateaux qui oublient de partir
Qui ont peur de la mer à force de vieillir
Et les vagues jamais ne les ont séparés
Leur voyage est fini avant de commencer

Je connais des bateaux tellement enchaînés
Qu’ils en ont désappris comment se regarder
Je connais des bateaux qui restent à clapoter
Pour être vraiment sûr de ne pas se quitter

Je connais des bateaux qui s’en vont deux par deux
Affronter le gros temps quand l’orage est sur eux
Je connais des bateaux qui s’égratignent un peu
Sur les routes océanes où les mènent leur jeu

Je connais des bateaux qui n’en ont jamais fini
De s’épouser encore chaque jour de leur vie
Et qui ne craignent pas parfois de s’éloigner
L’un de l’autre un moment pour mieux se retrouver

Je connais des bateaux qui reviennent au port
Labourés de partout mais plus crânes et plus forts
Je connais des bateaux étrangement pareils
Quand ils ont partagé des années de soleil

Je connais des bateaux qui reviennent d’amour
Quand ils ont navigué jusqu’à leur dernier jour
Quand jamais repliées leurs ailes de géant
Parce qu’ils ont le cœur à vague d’océan. »

Moi aussi j’ai connu un bateau – j’avais 19 ans –
A cette époque, il n’y avait là ni hôtel, ni bar, ni touristes, juste un petit port de pêche où les femmes  nettoyaient les poissons ramenés par leur mari, un camping mal fichu où le sable s’infiltrait dans les tentes et les sacs de couchage et un orphelinat dont les enfants fréquentaient la plage sans pourtant arriver à cacher leur tristesse.
Il était retourné sur le sable, seul et abandonné sur la plage de Giulianova
La coque du bateau, délavée et patinée par le soleil, le vent et la pluie abritait les amoureux des rayons brûlants et du regard des passants
C’était un bateau pour « les amours débutants » qui ont aujourd’hui bien des ans…
Dju, purée de nostalgie…
Allei à la semaine prochaine



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